Quelle place pour la RSE dans les rayons des magasins ? Conscients des enjeux environnementaux, sociétaux et économiques, une partie grandissante des consommateurs s’est muée en consom’acteurs. Un défi supplémentaire pour les industriels qui essuient les crises économiques, sanitaires et environnementales.
Mais comme la RSE est une formidable opportunité de se démarquer, il ne faut pas attendre que la concurrence prenne les devants ! Les fabricants ont tout à gagner à se lancer dès maintenant. Explications.
Traçabilité et RSE : une attente des consommateurs
Quand 76% des Français se mobilisent en faveur de la consommation responsable (selon le dernier baromètre de l’ADEME et Greenflex), les industriels ne peuvent pas passer à côté de la RSE. Les principes de respect, d’éthique, de légalité, de redevabilité et de transparence, qui la caractérisent, impactent positivement l’image des entreprises engagées dans cette démarche.
Agroalimentaire : des consommateurs attentifs
Les consommateurs n’ont jamais été aussi bien informés et attentifs à ce qu’ils mettent dans leur caddie. D’après une étude LSA pour Avery Dennison, 81% des Français déclarent faire attention à la composition des produits. Les applications Yuka, Y’a quoi dedans ou ScanUp ont joué un rôle non négligeable dans le changement des habitudes de consommation, et même des recettes de certains produits. En effet, lorsque 92% des utilisateurs de Yuka (qui sont 33 millions à travers le monde aujourd’hui) déclarent reposer les articles notés rouge par l’application, il semble logique que les industriels et enseignes améliorent la composition de leurs produits (900 pour Intermarché par exemple, grâce à la suppression de 142 additifs). La santé reste depuis des années la préoccupation N°1 des Français (surtout en période de crise sanitaire), même si elle a dernièrement perdu des points en faveur du coût de la vie.
Le dicton « la santé est dans l’assiette » n’a jamais été autant pris au sérieux. Il n’est pas question pour les consommateurs de négliger l’impact des produits alimentaires sur leur santé. Moins de sucres ajoutés, moins d’additifs, plus de bio : les produits ‘naturels’ sont jugés comme meilleurs pour nos organismes. Selon Yuka, 95% des utilisateurs interrogés ont arrêté d’acheter les produits contenant des additifs controversés, et 84% déclarent acheter plus de produits bruts, depuis qu’ils utilisent l’application.
Au-delà de l’impact sur la santé, les consom’acteurs s’intéressent à l’empreinte écologique et la provenance des aliments qu’ils achètent. Le développement et la démocratisation de l’Eco-Score et d’autres systèmes de notation environnementale en témoignent, ainsi que l’essor des produits ‘locaux’ et des termes de recherches comme ‘locavore’ ou ‘flexitarien’ sur Internet.
Textile : des consommateurs avertis
Les scandales qui ont touché le textile ont profondément affecté la réputation du secteur et modifié les perceptions des consommateurs. L’industrie du textile est en train de vivre un changement de paradigme avec l’essor des ventes d’occasion (un marché qui vaut 1 milliard d’euros en France aujourd’hui selon l’IFM), à la suite de l’avènement du mouvement slow fashion… Il y a plusieurs manières d’y faire face, mais il est primordial à l’heure actuelle pour les marques de s’éloigner de l’image négative de la fast fashion et de communiquer une image plus éthique. Elles peuvent ainsi continuer d’attirer des consommateurs sensibles aux conditions de fabrication et à l’impact environnemental de leurs achats. D’où viennent les matières premières ? Où, par qui et comment le vêtement a-t-il été fabriqué ? Combien de kilomètres a-t-il parcourus ? Il faut satisfaire la curiosité des clients pour les convaincre de la bonne volonté de la marque.
Made in France et local : l’avènement des consom’acteurs
Choisir ce que l’on consomme est un acte politique. Choisir local, davantage encore.
Les consommateurs, ou consom’acteurs, privilégient le terroir dans un monde de mondialisation et d’industrialisation. Les Français n’ont d’ailleurs jamais été aussi attirés par les produits régionaux : 84% d’entre eux jugent qu’il s’agit d’un critère d’achat important (Crédoc, 2020). Gages de qualité, le Made in France et le local sont un vrai critère de choix pour des individus qui souhaitent consommer de façon plus responsable.
Cette tendance s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19 et la mise en lumière des enjeux de souveraineté, notamment dans l’industrie agroalimentaire. D’après une étude Opinion Way, 64% des consommateurs français ont augmenté leurs achats de produits français depuis le début de la crise sanitaire.
Origine des produits : un moyen de se démarquer de la concurrence
S’engager dans une démarche RSE permet aux industriels de changer de discours pour communiquer sur des engagements positifs et ainsi se démarquer auprès des consommateurs. C’est aussi une opportunité à saisir pour de nouveau mettre en valeur ses produits, ses équipes, ses usines, et s’imposer face à la concurrence. Une aubaine dans un contexte de crise et d’inflation qui malmène les industriels. Alors pourquoi attendre ?
La transparence pour séduire les consommateurs
On estime qu’un consommateur français sur deux a déjà renoncé à l’achat d’un produit à cause d’un manque d’information. La traçabilité n’est plus une demande mais une exigence des consommateurs et un enjeu capital pour les industriels. Pour répondre à ces nouvelles attentes, les marques doivent partager un maximum d’informations pertinentes avec les consommateurs.
Ainsi, les industriels avant-gardistes ont tout intérêt à prendre de l’avance sur le marché en tenant compte des exigences du consommateur, plutôt qu’attendre qu’une nouvelle loi soit promulguée pour les y contraindre.
La transparence pour séduire les distributeurs
La grande distribution a bien compris les changements d’habitudes de consommation et cherche aussi à y répondre au sein de ses rayons. Charge aux industriels de tout mettre en œuvre pour continuer à satisfaire leurs exigences et se démarquer de la concurrence. Au cœur de cet enjeu, la communication écrite et les emballages, qui doivent être méticuleusement travaillés pour transmettre, de façon convaincante, les valeurs et les engagements de la marque. Mieux vaut fournir des informations claires et transparentes sur l’origine des produits pour trouver bonne grâce aux yeux des distributeurs et, ainsi, être mieux référencé.
Traçabilité et RSE : comment les mettre en place dès aujourd’hui ?
Qui dit RSE dit aussi soupçons de greenwashing. Les bonnes paroles ne suffisent plus et les consommateurs sont assez éclairés sur ces sujets pour déceler quand il ne s’agit que d’un discours de façade. Une telle stratégie pourrait nuire durablement à l’image de marque de l’entreprise et à sa croissance. Pour montrer patte blanche, les industriels doivent apporter des preuves aux consommateurs en mettant en place un système de traçabilité fiable et performant.
Cela dit, la fragmentation de la chaîne d’approvisionnement peut être un obstacle à la récolte des informations nécessaires et, en conséquence, entraver la relation de confiance entre les consommateurs et la marque. Pour s’assurer de la bonne performance du système de traçabilité, les industriels peuvent s’appuyer sur la technologie blockchain qui permet de recueillir les informations en temps réel, de les sécuriser et de les distribuer tout au long de la supply chain. Ce système permet de créer une véritable chaîne de confiance jusqu’aux consommateurs, qui n’ont qu’à scanner un QR Code apposé sur l’étiquette de votre vêtement ou de votre produit alimentaire pour accéder à toutes ses caractéristiques et en savoir plus sur son origine et les conditions de sa fabrication.
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